Préambule sur le monde fantastique des araignées

Peur, effroi, phobie, tels sont les comportements généralement observés à la vue d’une araignée et pourtant, ces réactions sont (pratiquement) totalement injustifiées et ne perdurent que par le manque de connaissance que l’on a de ces bestioles.

Il existe, bien sûr, des espèces très dangereuses pour l’homme, mais aucune en Belgique. Tout au plus, la morsure (et non ‘la piqûre’ comme on le dit à tort) engendrera-t-elle une douleur sensiblement égale à la piqûre d’une guêpe. Il faut savoir également, toujours dans notre pays, que la grande majorité des araignées est incapable de percer la peau humaine. Une soixantaine des 700 espèces, telles l’épeire diadème du jardin (Araneus diadematus), les ‘grosses noires’ de maison (Tegenaria sp) et certaines Dysdera, en sont capables (le risque de rencontrer les autres est minime). Mais être capable ne signifie pas vouloir. En effet, les araignées fuiront avant tout l’homme et ne se décideront à mordre qu’à partir du moment où elles n’ont plus de retraite possible.

Les araignées se rencontrent dans tous les biotopes, qu’il s’agisse des maisons, des bois, des pâtures, au bord de l’eau, dans les montagnes, dans le désert. Il s’agit d’un arthropode prédateur dont la proie est en général un insecte, voire même un autre arthropode. Il s’agit dès lors d’une bestiole fort utile et il n’est donc pas nécessaire de la tuer ou de l’écraser : si vous la croisez à l’intérieur de la maison et qu’elle vous effraie, un verre (ou un gobelet) avec un fin carton feront l’affaire. Placez le récipient sur la bestiole, passez ensuite le carton sous ce récipient de manière à la coincer, et vous la relâchez à l’extérieur. Le mieux est cependant de la laisser dans son habitat (malgré la présence des toiles) où elle fera des ravages parmi les mouches, moustiques, cloportes et autres bestioles indésirables.

Le monde compte plus de 42000 espèces identifiées (et il en reste encore pas mal à identifier de par le monde), réparties en 110 familles et 3821 genres. Les plus nombreuses sont les Linyphiidae et les Salticidae (dites araignées sauteuses), communes aussi dans nos régions.

La Belgique compte 705 espèces à ce jour.

Les toiles

Toutes les araignées produisent de la soie à différents usages : toiles, cocons, emmaillotements de proies, constructions d’abris, toiles spermatiques, fils de sécurité, etc.>

Toutes cependant ne tissent pas de toiles : les Lycosidae (araignées-loups courant sur le sol et chassant à courre), les Salticidae, les Pisauridae, par exemple. La plupart tisse cependant une toile dans le but de capturer des proies. On peut cependant, dans bon nombre de cas, reconnaître la famille à laquelle appartient l’araignée, rien qu’à la construction de la toile.

Certaines tissent des toiles orbiculaires (Araneidae, Tetragnathidae, etc.), des toiles tubulaires dans des galeries creusées dans le sol (Atypidae, Eresidae) ou dans les trous et fissures des murs (Segestriidae), des toiles en forme d’entonnoir (Agelenidae), des petites nappes horizontales (Linyphiidae : ces dernières se trouvent sur la face inférieure de la toile), des toiles tridimensionnelles (Theridiidae)…

Savez-vous que la soie produite par l’araignée est 5 fois plus résistante et nettement plus souple que l’acier, et peut supporter une charge de 45 tonnes par cm² ? Et c’est bien pour ces raisons que cette soie intéresse au plus haut point l’industrie !

La reproduction

Les phéromones produites par la femelle guident le mâle dans sa recherche d’une partenaire.
Tout accouplement est précédé d’une parade nuptiale, pouvant différer d’un genre à l’autre et permettant ou non au mâle de se faire accepter.
Avant de s’accoupler, le mâle doit d’abord transférer le sperme de ses testicules dans ses pédipalpes (organes copulateurs). A cette occasion, il tisse une très petite toile sur laquelle il va déposer une gouttelette de liquide spermatique; il se servira ensuite de ses pédipalpes pour absorber le sperme.
Ensuite survient l’acte sexuel en lui-même, pendant lequel le mâle va introduire, en tout ou en partie, le pédipalpe dans l’épigyne (organe sexuel féminin) de sa partenaire et y laisser son sperme.

Le croisement entre espèces différentes est quasiment impossible dans la mesure où le pédipalpe et l’épigyne sont spécifiques à l’espèce : en quelque sorte, le principe de « à chaque serrure, sa propre clé ».

Mâle (en vue dorsale) de Enoplognatha mordax mon image
Femelle (en vue ventrale) de Euryopis flavomaculata mon image

Anatomie de l'araignée

Le corps des araignées est composé de deux parties reliées entre elles par le pédicule.
- A l'avant, le céphalothorax (appelé aussi prosoma) composé de la partie céphalique et du thorax.
- A l'arrière, l'abdomen (appelé aussi opisthosoma).

Les araignées possèdent, en général, huit yeux et parfois six; dans certains cas cependant, des araignées cavernicoles peuvent avoir des yeux hypertrophiés, voire inexistants. La disposition des yeux peut aussi varier d'une famille à l'autre, voire d'un genre à l'autre.
Trois dispositions oculaires sont à retenir pour les yeux postérieurs :
- les yeux sont récurvés, c'est-à-dire qu'ils sont en ligne courbe vers l'arrière
- les yeux sont droits
- les yeux sont procurvés, c'est-à-dire qu'ils sont en ligne courbe vers l'avant.

Bon à savoir :
La taille d'une araignée se mesure de la pointe du céphalothorax à l'extrémité postérieure de l'abdomen.
On ne tient donc pas compte des chélicères, ni des filières, ni des pattes.

Vue dorsale (© Pierre Oger 2011) mon image
Vue faciale des yeux (© Pierre Oger 2011) mon image
Vue ventrale (© Pierre Oger 2011) mon image
Dimorphisme sexuel(© Pierre Oger 2011) mon image

Epines et palpes (© Pierre Oger 2012)

mon image

En savoir plus…

Alors qu’il existe pas mal de clubs, associations, pour l’étude des papillons, coléoptères, libellules, peu de personnes s’intéressent à nos amies à huit pattes.
Il existe cependant une association belge, Arabel (Arachnologia Belgica), dont le site se trouve à cette adresse (site encore unilingue néerlandophone pour le moment, mais une version française est en construction).
Une trentaine de personnes oeuvre, à travers la Belgique, à l’étude de ces fascinantes bestioles et l’avènement de la photo numérique a permis à de nouveaux membres de s’adonner à cette passion.
En Belgique, les araignées ont été surtout étudiées dans le Nord du pays, là où la grande majorité des membres se trouve. Mais l’arrivée de nouveaux participants du Sud du pays contribue actuellement à une meilleure connaissance des araignées de notre région.

Pour les photographes amateurs désireux de donner un nom à leurs bestioles, il existe un forum français très intéressant, dans la mesure où ce forum ne se contente pas de donner une identification ‘brute’ de la bestiole mais au contraire engage le ‘posteur’ à chercher par lui-même l’identité de la bestiole sur base d’indications qui lui sont fournies induisant, de facto, un investissement personnel dans la recherche et permettant donc une meilleure connaissance des insectes et arthropodes.
à cette adresse, où une imposante et riche galerie de photos peut également être consultée.

Le web regorge également d’autres sites tout aussi intéressants où de magnifiques photos peuvent être consultées :

- site allemand Spiderling : voir ici
- Site tchèque de Pavouci : voir ici
- Site danois de Jorgen Lissner : voir ici
- Site suisse sur les genitalia des espèces européennes : voir ici

Il y a également une littérature abondante permettant la connaissance et la reconnaissance des araignées de nos régions mais la référence en la matière est le « Guide des araignées de France et d’Europe » par Michael J. Roberts, Ed. Delachaux et Niestlé, fourmillant d’informations intéressantes quant à la description (habitus), l’habitat et la période de maturité.



Pierre